Dali & Lijiang – La Chine ancienne à la sauce moderne

17/01/2015

J’avais prévu de rester un jour de plus à Chengdu mais c’était sans compter sur le fait d’être en Chine et qu’ici les distances entre deux villes sont monumentales. Ainsi, j’ai prévu de me rendre à Lijiang qui est à l’ouest. Sur la carte ce n’est pas énorme mais en vrai cela signifie 24 heures de trajet. Je pars donc dans l’après-midi pour 16 heures de train. Comme d’habitude, je prends mon billet à la gare avant de partir sauf que cette fois on est samedi et le train est plein. Du coup quand je récupère mon ticket, je m’aperçois qu’il n’y a pas de numéro de siège inscrit dessus. Je me dis que je pourrai bien trouver un siège libre quitte à changer en cours de route. Mais en fait les Chinois sont les champions du surbooking et on est des centaines à être sans siège sur tout le train. Rien que dans mon wagon on est 36, j’aurai la chance de trouver un petit coin et de m’assoir sur mon sac mais la plupart resteront debout. A ce moment, j’avoue que je me suis dit que je ne tiendrais pas 16 heures comme ça mais après 3h assis sur mon sac, on a fait un arrêt et des passagers sont descendus, j’ai donc pu trouver un siège pour les 13 heures suivantes mais il y aura quand même des passagers qui seront restés plus de 10 heures sans sièges. Pour ma part, l’inconfort répété des sièges de trains chinois commencent à vraiment me faire mal aux fesses et je me dis parfois que je finirai par payer double prix pour la couchette mais au final je reviens toujours au moins cher et arrête de faire mon délicat.

17/01

Le trajet sera encore une fois très inconfortable et c’est sans avoir dormi que je descends du train à 7h du matin en gare de Guangdong. J’avais prévu de prendre un autre train mais je m’aperçois que devant la gare, il y a une dizaine de bus qui partent pour Dali. J’avais prévu de visiter cette petite ville après Lijiang mais bon autant le faire avant et de toute façon j’en avais marre du train. Le seul souci sera que le ticket coute 78Y et que je n’ai que 58Y sur moi et bien sur il n’y a aucun distributeur dans cette petite gare perdue au milieu du Yunnan. Par chance, je trouverai un couple de jeunes étudiants chinois qui accepteront de m’avancer 20Y (2€), je me sentais vraiment mal à l’aise de leur demander. Je leur ai promis de les rembourser en arrivant mais leur bus partait avant le mien et sur place, ils ne m’ont pas attendu, certes ça ne fait que 2€ mais par principe je voulais les rembourser. Pour dire la misère que c’était dans mon portefeuille, j’ai payé mon billet avec des billets de pièces de 1 Yi jiao, pour ceux qui sont allés en Chine, vous réaliserez, pour les autres, sachez que 1 yi jiao représente moins de 1cts d’euro !

Le trajet en bus durera 5 heures, le paysage était joli avec beaucoup de culture en terrasses mais je passerai la moitié à dormir car le bus est plus confortable que le train.

En arrivant à Dali, le bus nous dépose dans la nouvelle ville qui est à 15km de la vieille ville qui est à visiter. Du coup, je peux pas payer l’un des taxis qui harcèlent tout le monde à la sortie du bus en demandant près de 10€ et doit prendre le bus public qui met plus de 30 min pour relier les deux parties de la ville. En plus de ça, il pleut à grosses averses mais je me dis que Dali est petite et que ce sera fait.C’est donc avec mon gros sac sur le dos et abrité sous mon grand poncho - que je sors pour la 2^e fois en 8mois - que je pars visiter la vieille ville de Dali.

Dali est une des villes les plus anciennes de Chine sauf qu’aujourd’hui tout a été refait à neuf et cela ressemble surtout à un centre commercial à ciel ouvert. Il y a bien les petits canaux et l’architecture traditionelle mais tout est d’un gris neuf et presque brillant et 99% des bâtiments sont des boutiques, restaurants ou hôtels. Donc après 1h30 de marche, les chaussures et même les chaussettes en yak bien trempées, j’en ai déjà marre.

Je resterai une heure de plus au milieu des touristes chinois venus en grande bande dans leurs bus avant de reprendre le bus pour la gare routière. Je prends un nouveau bus, cette fois pour Lijiang qui est à 180km soit 3h heures en minibus. Sauf qu’à mi-parcours c’est la neige qui est venue remplacer la pluie et on mettra une heure de plus pour arriver. Il est donc 20h quand je suis déposé à la petite gare routière de Lijiang sans savoir où elle est et comment me rendre à mon auberge. Je poireauterai longtemps dans la ville en demandant aux gens et suivant la carte sur mon téléphone qui est complètement fausse avant d’arriver à l’adresse de l’auberge. Sauf que là, je suis devant le n°105 et que c’est une boucherie ! Etant complètement claqué de 24 heures de voyage, je perds patience en voyant que personne ne sait où est l’auberge et décide d’appeler l’auberge avec mon portable français. 5min et 9€ de crédit plus tard, j’ai les bonnes instructions et arrive à l’auberge à 22h (j’étais passé devant, ils donnent juste des infos complètement pourries pour l’adresse dans l’email de réservation).

L’auberge est vraiment bien et grande et à seulement 10Y (1,3€) c’est la moins chère de tout mon voyage. Bien évidement j’irai me coucher directement après une bonne douche et dormirai jusqu’à 11h le lendemain ce qui me fera un bien fou.

19/01

Après ce réveil tardif et m’être occupé de ma lessive qui est nécessaire vu qu’avec ce froid j’utilise tous mes vêtements, même les chaussettes en yak et mon bonnet, je pars visiter la vieille ville de Lijiang. Avant ça, je dois trouver à manger car je meurs de faim. Comme à mon habitude en Chine, je cherche des Bouzas, ces petits pains fourrés et cuits à la vapeur. Aujourd'hui je les trouverai au marché à côté de l’auberge et en plus d’être à seulement 1Y ils sont vraiment parmi les meilleurs que j’ai pu manger.

A l’image de Dali, ici c’est un peu Disneyland, tout est complètement neuf mais à l’aspect ancien. Cela n’en reste pas moins intéressant pour comprendre la vie dans cette ville à l’époque médiévale. D’autant plus que Lijiang est bien plus grand que Dali et il est possible de s’échapper des gros groupes de chinois et leurs guides très bruyants. Après 4 heures de marche, je passe par le marché de la vieille ville, m’achète des pâtisseries pour le gouter et rentre me mettre au chaud car la pluie/neige a recommencé à tomber en masse ce qui en plus rend les pierres des rues de la vieille ville très glissantes.

Lijiang est surtout intéressante pour le panorama qui l’entoure, la ville est située à 2400m d’altitude, ce qui explique le froid et la neige de cette fin de Janvier. Je prévois donc les jours suivants à essayer d’observer les paysages autour de la ville.

Pour le diner, malgré les encas de la journée dans la rue, j’ai bien faim et décide de braver le froid pour aller manger dans un petit resto. Vu que je ne lis toujours pas le chinois, je marcherai une dizaine de minutes avant de voir un petit resto comme je les aime, c’est-à-dire des plus simple et avec des prix à 10Y. Dedans, je vois des jeunes attablés et choisi l’option la plus simple qui consiste à leur demander de commander pour moi en chinois. J’ai la chance qu’une fille parle bien anglais et je lui donnerai simplement pour commande : du riz et des légumes, pas épicé. Tout le monde rira bien dans le restaurant mais au moins j’aurai un bon truc. 5 min après je reçois à ma table deux belles assiettes et un bol de riz. Pour seulement 25Y (3,3€), je me régalerai d’une omelette aux tomates poêlées avec du chou chinois et du riz, un régal bien équilibré et en plus pas cher même si pour les chinois 25Y est un peu trop cher payé pour ça. Mon seul regret en plus du froid dans le resto qui refroidira tout en 5min, sera de ne pas avoir de pain pour essuyer la sauce tomate de mon assiette qui m’appelait pourtant tant. J’irai donc me coucher le ventre bien plein de légumes qui me manquaient depuis un moment, une très bonne nuit en perspective.

20/01/15

Quelle joie au réveil de voir que le soleil fait son grand retour et en force. Du coup, hors de question de rester coincé au milieu des touristes dans la vieille ville, aujourd’hui ce sera petite ballade dans le parc en bas la petite montagne à la sortie de la ville. Mais avant, il faut prendre des forces, direction donc le marché pour acheter mes petits pains vapeurs comme chaque matin. C’est marrant, je me sens comme le français qui se rend à la boulangerie tous les matins pour acheter sa baguette sauf qu'ici c’est des petits pains vapeurs farcis. Je craquerai aussi pour quelques pâtisseries que je mangerai plus tard. J’adore vraiment l’ambiance du marché de la vieille ville, à l’entrée, les petits fermiers des alentours viennent vendre leurs petits sacs de patates ou la douzaine d’œuf frais directement sur le trottoir. A l’intérieur c’est beaucoup plus agité et ça réveille vite de devoir éviter les triporteurs qui passent au milieu des allées. Une fois mes emplettes finies, je traverse toute la vieille ville en direction du nord, avec bien sur deux ou trois demi-tour en arrivant dans les impasses imprévisibles du dédale des vieilles maisons. A la sortie Nord se trouve le parc du réservoir du Dragon noir qui est en fait un grand bassin qui alimente la vieille ville en eau. L’entrée y est gardée et il faut montrer un justificatif de paiement de la taxe locale de 80Y censée financer la protection du patrimoine mais elle doit surtout servir à attirer toujours plus de touristes quand on voit l’horreur des rénovations commerciales. J’aurai de la chance car quand je me présente à l’entrée il n’y a pas de garde et du coup je passe en vitesse la grande porte.

La ballade dans le parc est sympa et en plus on a une vue magnifique sur les Monts du Dragon de Jade, une montagne au nord de Lijiang dont les sommets enneigés se reflètent dans le lac.

Mais le parc n’est pas le but premier de ma sortie de la ville, ce qui m’intéresse vraiment, c’est de monter en haut de la colline de l’éléphant qui est dans le parc. Mais là aussi, ils surveillent les justificatifs de la taxe à l’entrée principale, je passerai donc par l’entrée sud où ils demandent juste de noter son nom et de monter par groupes de 4. Bien sur je ferai mon touriste étranger qui ne comprend rien et la garde me laissera monter seul, pour le registre, c’est Robert Dufour qui est monté, en aucun cas moi, j’aime pas trop donner mon nom à tout va en Chine !

La montée est un peu raide mais pas trop longue, c’est surtout qu’avec le soleil tapant j’ai vite enlevé ma polaire, c’est vraiment le choc de température, hier je mettais tous les vêtements possible et là je monte en chemise manche courte. Au sommet où je remettrai ma veste car faut pas exagérer non plus sur la chaleur, on a une vue complètement dégagée sur toute la plaine qui comprend bien sur la vieille ville mais aussi l’immense nouvelles ville qui l’entoure. La plaine est vraiment très belle mais on ne voit presque que du béton, tout autour de la vieille ville, c’est toute une ville moderne qui s’est installée. Après une bonne pause déjeuner à profiter des rayons de soleil, je reprends la marche pour aller de l’autre côté où j’aurais une belle vue sur les monts de Dragon de Jade qui comme le Mont Fuji au Japon ôtent rarement le chapeau de nuages qui restent au sommet.

Je finirai la journée en profitant du soleil au bord du lac puis en retraversant la vieille ville, cherchant en vain des endroits plus traditionnels et sans touristes.

21/01

Dernier jour dans les hauteurs du Yunnan, le soleil est encore très présent et plus qu’agréable mais Lijiang reste quand même à 2400m d’altitude et je passerai la journée avec ma polaire.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller faire un tour dans les villages autour de la plaine, ici, c’est le peuple Naxi qui est majoritaire et j’ai lu et entendu que dans les villages autour on pouvait voir leur mode de vie plus traditionnel et authentique que l’horreur touristique de Dali et Lijiang. Le meilleur pour une telle visite est de louer un vélo et de se balader mais depuis la visite du parc de Zhangjiajie et les milliers de marches, j’ai les genoux au plus bas et je ne tiendrais même pas 2h sur un vélo. Du coup je me contenterai de prendre le bus de ville et d’aller à Baisha, un petit village situé à 7km de Lijiang.

Bien sur, avant de partir, je passe au marché et achète mes encas traditionnels pour la journée. Le bus ne prend que 30min et j’arrive dans un vrai petit village comme j’espérais en voir. Le village est au pied des monts du Dragon de Jade et du coup, j’ai pris naturellement la direction du Nord depuis la petite place centrale, comme hypnotisé par ces sommets enneigés, j’ai marché au hasard des ruelles.

 

Le village est en pleine mutation et il y a des dizaines de maisons en construction un peu partout. Néanmoins, il reste beaucoup de petites fermettes construites en briques de terre crue mélangée à de la paille et sans revêtement extérieur, un vrai plaisir de marcher au milieu dans un grand silence qui est seulement perturbé par le bruit des paysans ou des vaches. En fait, pour les vaches, il n’y en a que quelques-unes, à chaque fois, il y en a qu’une attachée devant ou à côté de la maison et qui n’a que des tiges de mais séchées à manger.

Dans les ruelles, je suis clairement le seul touriste et de plus étranger mais je reçois un bon accueil de la part des villageois, j’ai même droit à un “Hello” aléatoire lorsque je leurs dit un “Ni Jao” encore plus aléatoire. La seule anecdote sera celle de ma rencontre avec une femme en train de tailler des roseaux, quand j’essaye de lui demander si je peux la prendre en photo, une discussion impossible s’engage. Ne comprenant rien de ce qu’elle dit, je la vois soudain rentrer chez-elle et revenir avec un sac de noix décortiquées dont elle me montre le noyer dans son jardin. Je me dis que ça peut être bon d’en avoir un peu pour la journée de train du lendemain et essaye de lui faire comprendre que j’en veux un tout petit peu. Elle remplira un petit sac et je lui tends 10Y (1,4€), que je pense être un juste prix pour à peine 100gr de noix. Mais elle me dit non et me fait un signe de croix avec ses doigts, je sais que c’est un nombre en chinois mais je ne sais pas lequel. En fait elle a vu dans mon porte-monnaie un billet de 50Y et me le fait comprendre. J’essaye de lui dire que je ne vais pas payer 7€ pour une poignée de noix et elle s’énerve en crachant par terre, je préfère donc partir. C’est vraiment dommage, elle avait l’air sympa mais je ne pouvais pas me permettre de dépenser 7 € en noix.
Bref, la visite continue et je croiserai bien d’autres femmes Naxi qui ici revêtent toutes les habits traditionnels. C’est agréable de les voir en habits traditionnels tout en sachant qu’elles ne les portent pas pour les touristes.

Le village s’étend très en long et je marcherai une heure au hasard dans les ruelles, je rencontrerai deux étudiants chinois qui m’expliquent que la majorité des maisons ont environ une centaine d’années mais que le village a près de 1000ans. Ils m’expliqueront aussi que la plupart des nouvelles maisons ont à peine 5ans.

Comme il est à peine 13h, je pars visiter un autre village, celui de Su He qui est plus près de Lijiang mais qui lui est beaucoup plus connu des touristes et surtout des chinois. En fait c’est presque une copie de Lijiang, on y retrouve toutes les horribles boutiques et restaurants complètement faux et aux façades criardes. Il n’y a donc pas vraiment de plaisir à visiter ici en plus même si il y a encore 2-3 ruelles un peu épargnées par l’horreur consumériste quand on va sur la colline. Je ne resterai pas bien plus d’une heure à SuHe et reprends un bus pour rentrer à Lijiang.

Au passage, je décide d’aller acheter mon billet de train pour le lendemain car je prends le train à 8h et j’ai peur de ne pas avoir le temps pour acheter le billet. Ce détour me prendra quand même 1h30 car la gare de Lijiang est située bien en dehors de la ville, à se demander pourquoi c’était si dure de rapprocher le chemin de fer du centre. En plus, la ville a du dépenser des sommes astronomique pour aménager la gare qui est un immense bâtiment et les abords alors que personne n’y reste plus longtemps que le temps de prendre un taxi.

Sur le retour, je m’achète 2-3 trucs à manger pour le lendemain et rentre faire mon sac, réveil à 6h30 demain.

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