27 mai 2014

Mostar

Je ferai le trajet entre Split en Croatie et Mostar en Bosnie-Herzégovine à bord d'un mini-bus qui mettra pas moins de 4h pour faire les seulement 150km.

Le pauvre bus aura souvent du mal à franchir les nombreux lacets à travers les montagnes Croates.
C'est donc à une vitesse moyenne d'a peine 40km/h que l'on longe la côte et la vue en vaut le coup. Le trajet est d'autant plus long que le bus ramasse et dépose des gens tout le long de la route. Nous nous arreterons même à l pharmacie récuperer les medicaments d'une vielle dame. Après 2h de route, le chauffeur ferra une bonne pause café dans le bar d'un petit village qu'il semble bien connaitre. Les montages sont beaucoup moins peuplées et très viticoles.
Arrivés à la frontière dans un petit village de montagne, le bus s'arrête et une douanière vient vérifier les passeports. Il s'avère que je suis le seul étranger à bord mais elle s'attardera surtout à vérifier les cartes de 2 passagers. 100m plus loin nouveau contrôle au poste douanier bosniaque qui est nettement moins prestigieux. Cette fois, c'est sur mon passeport que le douanier s'attardera. Après l'avoir vérifie il me demande en souriant où je vais et pourquoi et ajoute "il n'y a pas de travail ici". Ce à quoi je réponds en souriant tout autant que je ne vais que visiter Mostar et Sarajevo.

Nous reprenons la route pour arriver à 19h à la gare routière de Mostar. N'ayant pas réservé d'auberge, j'essaye de trouver sur la carte celles que j'avais repéré sur internet. La ville n'est pas grande et je vois bien les rues où sont es auberges mais je tournerai pendant plus d'une heure ne les trouvant pas aux adresses indiquées. Je me rabat donc sur une qui a une pancarte en bord de route, à 10€ c'est un peu plus cher mais tant pis. L'auberge est dans une grande maison de ville et je suis très bien accueilli par une dame qui après m'avoir montré mon lit me demande qui j'ai faim et me propose de manger un morceau. Elle m'invite donc dans la petite cuisine et là, dès l'entrée je sens une odeur très familière. Elle était en train de cuisiner des bugnes, ça je ne m'y attendais vraiment pas. Je lui explique donc que j'ai l'habitude d'en faire aussi et lui montre la forme des bugnes françaises. J'aurai donc un excellent diner avec des épinards et des bugnes accompagnées de fromage.

Elle m'explique que de temps en temps elle cuisine pour les voyageurs qui ont moins les moyens que les touristes d'Europe du nord qu'elle a régulièrement.  Durant le dîner, j'aurai la chance de l'entendre parler de comment elle a vécue la guère et les années d'après. En résumé, toute la famille a du abandonner leur maison de la partie est de la ville pour passer les années de la guerre dans le sous-sol d'une des sœurs dans la partie ouest. A la fin de la guerre, ils sont revenus chez eux puis ont vendu les machines de leur petite usine pour rénover la maison. Zita qui a passé une année en Norvège durant la guerre a du l'idée d'aménager la maison en auberge et ils ouvrirent la première auberge à mostar depuis la guerre.

Je continuerai à en apprendre davantage sur Mostar le lendemain durant la visite guidée privée au m'a proposé le fils. Il me fera faire le tour de la ville en l'expliquant comment se passa le conflit et comment les tensions entre les deux parties de la ville sont encore très fortes.

Le foot joue aujourd'hui un rôle majeur car la ville compte deux clubs, un pou l'est et un pour l'ouest et la guerre des supporters est permanente, notamment depuis la guerre où le stade historique a été pris par l'ouest. Nino m'explique donc qu'à chaque match ou événement dans la ville les bagarres sont fréquentes.

Il me montrera également les nombreux chantiers de rénovation dont beaucoup sont à l'arrêt depuis des années, bloqués par la corruption. Je pourrai également avoir une idée de ce à quoi la ville ressemblait avant la guerre. Il me montra des rues où avant il y avait commerces et cafés et maintenant c'est en partie des maisons abandonnées et criblées d'impacts de balles.

Néanmoins, Nino m'expliqua que le pays reprend doucement son rythme mais qu'il manque encore de moyens. Beaucoup de pays ont apporté leur aide après la guerre comme le Japon qui offrit des bus ou encore italiens et hongrois qui aidèrent à la reconstruction.






Le plus fort symbole de la ville et de la guerre reste sans conteste le vieux pont. Il fut détruit par les croates en 1993 alors qu'il était le symbole de la ville depuis plus de 400 ans et à ce moment le dernier pont de la ville.


Il fut reconstruit à l'identique en 2004 grâce au soutien de l'UNESCO et de certains pays. Aujourd'hui il attire les touristes du monde entier et a lancé le redéveloppement de la ville dans le tourisme, elle qui autrefois brillait par ses usines de cigarette et de métal. Il est également célèbre pour ses plongeurs, des jeune de la ville qui sautent depuis le sommet dans la rivière 25m plus bas. Nino m'explique qu'ils gagnent en moyenne 50€ par saut, donnés par les touristes mais que c'est quand meme dangereux et que peu le font. De plus, seuls les plongeurs du club ont le droit de sauter, surveillés par un secour à chaque saut. Les touristes peuvent eventuellement payer pour sauter s'ils y sont autorises. 

A savoir qu'aucun habitant de l'ouest de la ville n'a le droit de venir plonger du pont car ils ont aidé les croates à le detruire. Un musée à côté du pont montre une vidéo très poignante des derniers jours du pont.



Les espoirs des autorités d'apaiser les tensions avec ce nouveau pont n'ont pas du le succès escompté. Aujourd'hui les relations entre est et ouest sont fermées alors qu'avant guerre les mariages entre musulmans et catholiques étaient fréquents. J'ai pu m'en rendre compte en voyant Nino dire bonjour à tout le monde durant la visite mais il m'expliqua qu'il ne connaissait personne à l'est, contrairement à son père qui y a encore des amis d'avant guerre. Mon guide m'explique que dans la ville, tout est doublé : écoles, universités, magasins. 
Seuls la police et le maire englobent toute la ville mais souvent à l'avantage de leur côté d'origine. 

Par exemple le maire actuel d'ouest e participera sûrement pas à la cérémonie pour les 10 ans de la reconstruction du pont par crainte de ne pas être réélu par ses partisans de l'ouest.


Pour moi qui suis né au commencement du conflit de séparation de la yougoslavie , j'en apprends beaucoup sur la réalité de la situation et comment on en est arrivé aux pays des balkans comme je les ai toujours connu.

La ville etant tout de meme pas tres grande et ayant eu une visite tres complete, il sera temps pour moi de rejoindre Sarajevo, Capitale du pays. On m'a m'a vivement conseille sur place de prendre le train entre Mostar et Sarajevo, la ligne etant consideree comme une des plus belles d'Europe.
Je prendrai donc le train du soir, celui du matin partant a 6h, le trajet ne coute que 11 Marks (5,7E) et le voyage se fait a bord d'un ancien train, tout en bois qui est un cadeau de la Suede au pays en reconstruction.

19h10 le train pour Sarajevo arrive en gare de Mostar pile à l'heure. Je monte à bord du premier wagon et là je découvre un vieux wagon avec l'intérieur tout en bois et de vieux fauteuils première classe. 

L'aménagement est vraiment très beau et le fauteuils hyper confortables, je crois que c'est comme le vin, ça se bonifie avec le temps. L'intérieur en bois avec les fenêtres qui s'ouvrent à l'ancienne offrent une ambiance de salon, l'odeur de cigares des fumeurs vient compléter le tout. 

Je passe les dix premières minutes à observer le wagon, les détails sont nombreux auxquels je ne suis pas habitué. Je continue en parcourant le wagon et passe devant le cabines qui sont déjà prises mais ont l'air encore plus confortables.


Le train roule maintenant à flan de montagne au dessus de la rivière. Le spectacle est splendide, le bleu-vert de la rivière se mélange au gris des montagnes. 

Le trajet alterne viaducs et tunnels dans lesquels le bruit du train est amplifié dans les fenêtres. Le train s'arrête régulièrement dans de petites gares où un passager descend parfois pour rejoindre le contrôleur local qui semble bien seul dans sa petite gare. 

Je prendrai des dizaine de photos mais malheureusement le nuit tombe vers les 20h30 et je ne vois plus que les lumières des villes de temps en temps. Le trajet doit vraiment être agréable dans le train du matin avec la lumière du soleil. Je finir donc le trajet à écrire ces quelques lignes puis m'assoupir dans mon confortable fauteuil.

Nous a arriverons en gare de Sarajevo à 21h50 comme prévu.




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